La traversée de Bruxelles…avril 2020

Publié le : 2 mai 2020

Bruxelles 2 mai 2020…

La traversée de Bruxelles…

Deux titres en références à deux films de circonstances visionés avec un réel plaisir pendant ces jours de confinement, je vous laisse le plaisir de deviner lesquels.

Je profite de ces derniers temps d’un ciel pur et clair avant la reprise de nos vies hypertrophiées d’hyperactifs pour faire mon « coming out » post confinement. Suis-je de quelconque façon, légitime pour vous écrire mes déceptions qui ne sont peut être que le résultat de cet immense ego qui est le mien et qui chacun sait est une loupe transformante de la réalité, ce que nous enseigne tous les textes de yoga. Tu n’es pas cela, etc… Ces temps si particuliers que nous venons de vivre n’étaient ils pas l’opportunité de nous remettre en question. Le confinement dans La traversée de Bruxelles n’était il pas ce temps exceptionnel d’introspection.

La nature vient de nous donner un premier avertissement, sans doute à « moindre frais ». Osez imaginer quelques secondes, un virus beaucoup plus virulent, à l’image des peste du Moyen âge… Je n’ose pousser cette idée plus loin. Avertissement encore soft qui devrait nous indiquer une remise en doute. Je constate quasi aucune réflexion dans ce groupe.. Est-ce un effet Facebook, où la moindre nuance, le moindre doute est zappé immédiatement. Loin de moi l’idée de remettre en question la nécessité financière pour certain.e.s de continuer à donner cours au travers Zoom et autres plates formes.

Par ailleurs, cette nécessité financière de dépendre de l’enseignement du yoga est terrible par rapport à la philosophie même de cette très belle discipline devenue en quelques décennies un « business » comme un autre. J’ai regardé quelques Zoom et quelques cours Live et en admets la difficulté.. Pourtant je ne peux m’empêcher d’y trouver les symptômes d’ une sorte d’ anesthésie générale. Avant le confinement nous étions des hyperactifs du faire prétendant d’être et ce confinement ne change rien. A l’instar d’une période qui nous pousserait à être dans le laisser faire nous sommes toujours dans le faire, faire, faire…. J’ai fort hésité avec ma compagne de nous lancer dans ces cours Live, et j’avoue que l’idée de nous réjouissait guère. Nous habitons un logement qui offre peu de place pour faire du « Live »… Et puis en poussant la réflexion plus loin, nous nous sommes mis à écrire de la poésie, à marcher, contempler, déguster le temps, le silence, l’air pur sans traînées nauséabondes d’avions en partance pour des retraites d’egoyoga à Bali.

C’était voilà notre pratique et je dois dire que j’ai pris du poids et fais peu de postures de yoga… En fait si ce n’était pas une nécessité absolue pour mon asthme, je crois que j’arrêterais de suite la pratique du yoga. Je doute profondément de ce qu’est devenue cette belle discipline depuis quelques lurettes, sorte de gymnastique douce saupoudrée de vagues références spirituelles qui cherche plus à anesthésier plus qu’éveiller. Tout au plus, ça nous fait supporter l’insupportable de nos vies de branchés modernes en étant une sorte de pilule valium de l’ultra libéralisme. En attendant personne ne remets en question le système et nous continuons à faire nos petites postures gentilles et souriantes.

Pour La traversée de Bruxelles je remercie mon boulot actuel qui me permet d’être à le rencontre de ceux que je considère comme de « grands yogis »… Je pense à Eric, infirmier chef aux soins intensifs, qui est le dernier visage que verront certains mourants. Ce contact intime avec la mort lui donne de la dignité, du calme et un certain recul par rapport aux petits tracas de la vie. e doute que ce soit avec mes singeries de poses que je parvienne à sa sagesse. Alors on se pose inévitablement la question de son utilité, à soi disant procurer du Bien être. Avec toutes ces plates formes virtuelles, ne nous sommes pas entrain de légitimer ce monde de plus en plus numérique qui se déshumanise, qui nous déshumanisent. La crise actuelle ne fait qu’accélérer ce processus, il lui donne ses lettres de noblesse. C’est une question réelle à laquelle nous devrons tous répondre.

Je remarque, que comme dans toute crise il y a des gens qui ne perdent pas le nord et tire très bien leur épingle du jeu.. Et puis il y a les suiveurs et enfin les pauvres cons comme moi qui bêtes et honnêtes seront les premières victimes d’un ordre nouveau. C’est pour toutes ces raisons que je ne sais pas si je dois continuer de donner cours car je ne suis pas de la première catégorie.

 

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